« Ce qui compte ce n’est pas la chute mais l’atterrissage » Mais quelle fût longue et douloureuse. Un puzzle éclaté en mille morceaux Empaqueté dans une boîte en carton usé Et donné à un enfant pour qu’il s’amuse à le reconstituer Pièce par pièce, Soupir après soupir, Espoir après espoir. C’est ainsi que je me suis retrouvée propulsée en plein milieu de cette jungle au climat tropical. La chaleur envahissant peu à peu chaque parcelle de mon corps nu, Dénué de tout bouclier. Mis à nu. Près à accueillir, près à expier. Avançant pas à pas sur ce chemin envahi par une végétation réconfortante, Presque maternelle. Chaque pas est une ode à la libération. Chaque inspiration me ramène un peu plus à mon moi profond Et chaque expiration amenant mes angoisses un peu plus au large. C’est ainsi que je me suis retrouvée sur cette immense plage déserte Celle qui m’attendait au bout de ce chemin de terre ocre Couleur symbolisant la paix, Sûrement celle que je m’apprête à trouver sur cette plage abandonnée. Je m’assoie en tailleur face à cet océan infini. Il est l’heure. Celle d’accueillir pleinement la multitude de sentiments contradictoires dont mon esprit est forgée. Je ferme les yeux, puis les rouvrent. Quatre ballons formant des silhouettes noires et raccrochés au sol sont disposés en arc de cercle autour de moi. Ils sont profondément ancrés. Malgré leurs silhouettes peu distinctes, elles se révèlent d’elles-mêmes. La première aux formes rondes, c’est toi maman Celle qui est partie un peu trop tôt laissant un espace de vide qu’il est impossible à combler Celle qui contre ton gré a fait germer cette angoisse de l’absence à laquelle je fais face La deuxième, je la reconnais à la forme de tes mollets qui m’avait fait craquer C’est toi sur lequel mon cœur s’est accroché sans vraiment aucune raison C’est toi qui as disparu de manière brutale tout en restant enfermé quelque part dans ce vaste monde La troisième, bien plus petite que les autres, c’est cette petite chose que je n’ai pas pu garder Et la quatrième aux formes incertaines est ce tout qui nourri mon quotidien et qui m’empêche de m’envoler. Elles sont là, je les contemple à me fixer de leurs yeux invisibles, Qui me demandent, me supplient de lâcher prise. Ecoutant les murmures de leur plaidoirie, je comprends qu’il est temps de leur rendre justice. Un petit ciseau apparaît alors à côté de moi, Au loin, une barque est bercée par les doux remous de l’océan. Incertaine mais déterminée je me saisis des cisailles et m’approche du premier ballon. Un à un, j’empoigne les files de mes chimères. Un à un, je coupe les files qui me rallient à elles. Les tenants de ma main libre, je les amène auprès de la barque de la liberté. Je les attache minutieusement aux crochets qui leurs sont assignés, en m’assurant qu’elles ne pourront pas s’échapper. C’est le moment du geste finale, je décroche la barque de son port d’ancrage, dans un dernier élan, je la pousse au loin, la laissant partir sur la route du lâcher prise. Je la regarde mélancolique mais le cœur léger, s’éloigner en direction du coucher de soleil. Symbole d’une nouvelle journée qui viendra bientôt prendre place. Plus légère, libérée d’une réalité que je ne peux pas diriger. Il ne s’agit pas d’oublier, seulement d’accepter. Accepter que je ne peux pas m’échapper de ce qui me construit mais que je peux me libérer du poids de ce que je ne peux pas contrôler. Des évènements de la vie qui sont hors de moi et qui m’atteignent. Il est grand temps. Je laisse mes larmes de libération couler le long de mes joues. Suivant les couloirs dessinés par les chemins que j’ai décidé d’emprunter. Liza Tourman.