"On est là à faire les sardines sur la plage pendant que le vent fait frissonner ma peau. Quelques grains de sable viennent s’échouer dans le creux de ma colonne vertébrale. La chaleur m’enveloppe de son manteau, je m’y blottis comme une enfant, les yeux fermés, je laisse mes pensées aller et venir au rythme des mouvements de la mer. Quand nous avons trouvé les transats sur lesquelles nous voulions nous échouer pour arrêter le temps, j’ai envoyé des messages aux copains voir s’ils seraient tenter de se joindre à nous et mettre au défi les heures qui s’écoulent. Tout laisser en suspens dans ce paradis poussiéreux que sont les plages indiennes. De temps en temps, je lève avec flemme mon buste et ma main pour m’emparer de mon lemonana encore frais. Je savoure chacune des sensations procurées par la moindre gorgée. J’ai décidé qu’il était grand temps de faire appelle à une vieille connaissance que je n’ai pas tellement l’habitude de côtoyer car je ne le suis malheureusement pas très fidèle. Modération. Elle me conseille de prendre du recul et de regarder avec modestie le ramassis de conneries dans lequel je me suis plongée. Elle a raison. J’ai cette incroyable facilité à me laisser aller à des émotions incontrôlées. La peur de l’abandon. Quand cette angoisse prend le dessus, je perds pied et c’est tout mon monde qui s’effondre, moi incluse. Je suis impulsive. Cette rage intérieure et ce goût pour l’aventure m’ont poussé à accomplir des choses incroyables tout le long de ma vie. Je ne crois pas avoir déjà regretté tout ce que j’ai réalisé. J’ai parcouru des dizaines de milliers de kilomètres à pied, à cheval, en vélo, en bus, en tuk-tuk, en avion et j’en passe, j’ai écumé plus des pays que je n’ai d’années de vie. Je me suis imprégnée de chaque culture que j’ai frôlé du bout de mon cœur. J’ai une maison dans une trentaine de pays si l’envie me prend de fuir. L’envie, le partage, la simplicité sont des valeurs qui font que je chéris mon impulsivité maladive. Mais comme tout à un prix, c’est cette même impulsivité qui me fait si souvent courir à ma perte. Elle emporte mon cœur à des BPM que seul un dancefloor peut m’aider à dompter. Je désire tellement donner et vivre que je ne me pose aucune limite. Alors je me raconte des grandes histoires fabuleuses mais surtout qui ne sont souvent que l’illusion de mon esprit. Quel talentueux prestidigitateur celui-là ! J’y crois jusqu’à ce que je me fasse mal et par la même que j’emporte certaines personnes dans ma chute. Dans ce cas particulier, c’est Louis que je traîne au bout de mon boulet. Je ne le fais pas exprès, loin de moi l’envie de blesser qui que se soit. C’est ma spontanéité qui m’embarque dans la valse à mille temps qu’est ma vie. C’est pour ça que les gens m’aiment. Pour mon excentricité qui me fait oser. Pour moi, c’est pour ça que je me déteste ou plutôt que je m’épuise profondément. Je n’ai pourtant pas envie de changer. J’apprends à vivre avec moi et à m’apprivoiser un peu mieux à chaque fois. Je tombe aussi vite que je m’en relève mais ça c’est seulement quand je l’ai décidé. Je ne suis pas encore allée au bout de ce que je veux vivre avec Yuka, c’est pour ça que je n’écoute pas les conseils que l’on me donne. Ils glissent avec autant de frivolité que le vent qui me caresse le corps en cet instant."