C'est l'histoire de la chute d'un mur. Si la techno et la house ont pris racine de l'autre côté de l'océan à Détroit et Chicago, il est inévitable de faire un détour par Berlin quand on parle des pionniers en la matière. Qui n'a jamais entendu parler de Kraftwerk ou Tangerine Dream, groupes des années 1970 qui ont su repousser les frontières de l'expérimentation sonore ? Mais pour notre petite chronique sur l'émergence de la techno à Berlin, nous commencerons par les années 80 et plus précisément après un événement qui a favorisé l'explosion de la vie underground dans la capitale Allemande : La chute du mur (1989). La division de la ville en deux parties a beaucoup joué sur l'imaginaire de ses habitants les uns envers les autres ; elle a fait naître une méfiance envers son voisin que l'on pourra sentir dans les collaborations entre les Djs de l'Est et de l'Ouest post chute. Du côté Est, la tendance underground était à la punk-attitude, et elle est sans conteste l'avant-garde du futur mouvement électro encore insoupçonné de tous. L'arrivée de la musique électronique s'est faite en parallèle en Angleterre et en Allemagne. C'est en 1988 que l'Acid house et son package (pastilles, smileys jaunes, bonne humeur, amour et j'en passe…)se popularisentauprès des allemands et redonne un coup de créativité à nos amis punks qui voyaient leur mouvement s’essouffler. C'est sous l'impulsion des Djs Dr. Motte et Westbam que l'UFO, premier club (illégal) d'acid house,va ouvrir ses portes et donnera par la suite naissance à la très célèbre love parade. De tout ceux qui permettront l'essor de ce mouvement à Berlin, nombreux y seront résidents. On y verra des Djs comme Tanit, Jonzon, Rok, Kid Paul, Mike Van Dyk qui permettront aux gens de croire le temps d'une nuit qu'un retour vers le futur est possible. Dans une ville fantôme, comme l'était Berlin Est à cette époque, il n'était pas bien compliqué de trouver des lieux complètement insolites et de se les approprier. Tous documents officiels permettant de retracer l'avis de propriété ou autres étaient réduits en poussière, comme le mur. En 1991, les lieux undergrounds transformés en clubs déjantés ont commencé à pousser comme des champignons : le Planet (plus tard renommé E-werk par Paul Van Dyk), Der Bunker, et bien évidemment le Trésor. Il paraît inévitable de s'arrêter durant quelques lignes sur ce monstre qu'est le Trésor. Installé dans le coffre d'une ancienne banque (ce qui lui vaut son nom) à Postdamer Platz, et trouvé au hasard lors d'un repérage en voiture par une bande de potes (Johnnie Stieler, Dimitri Hegemann, Achim), il a tout de suite paru comme évident que leurs recherches étaient terminées. Après avoir déclaré aux flics de la Stasi qui géraient l'endroit que le lieu les intéressait pour monter une galerie avec buvette (excuse classique à l'époque pour la mettre à l'envers aux administrateurs), et après l'avoir visité, ils obtinrent le contrat de location et commencèrent les travaux (trois mois, etfort en émotions selon les dires). Ainsi naquit le Trésor. Ce dernier est un club phare car il a été la connexion entre Détroit et Berlin.Ce sont les fondateurs du Trésor qui ont pour la toute première fois fait venir des artistes comme Jeff Mills, Blake Baxter, Robert Hood … et leur ont permis de se faire connaître en Europe. Pour l'anecdote, même les Djs de Détroit ne soupçonnaient pas que leur musique avait traversé l'océan et se jouait en club …Sur la même lancée, le Trésor fonda son propre label « Trésor » qui signa des artistes de Détroit et plus récemment des Djs comme Ellen Alien. Autre élément majeur qui marque l'avènement de la musique électronique en Allemagne (bien sûr à Berlin, on voit les choses en grand) : La Mayday. C'est après la Love parade de 1991 que l'heure zéro de la scène allemande a sonné. Après un franc succès et environ 3000 participants, l'idée est venue à Jürgen Laarman (fondateur de Frontpage, premier magazine allemand sur la musique Techno), Westbam, Low Spirit de lancer les soirées Maydays qui se voulaient à but plus lucratif. A partir de ce moment-là, même si le mouvement a été freiné par des obstacles, et pas des moindres (sida, drogues, fermetures de clubs …), il n'a fait que grandir, s'étendre, se renforcer et devenir de plus en plus pointu, pour le plus grand plaisir de tous les techno music Lovers – Enjoy ! Liza Tourman.