Cuisiner dans les airs, assister à une projection de « L'odyssée de Pi » assis dans des canots dans une piscine, les expériences sensitives des expositions “Monumenta” ou encore des artistes du Land art qui investissent des hectares entiers de nature comme terrain d'expérimentation artistique… Chaque art cherche à pousser ses limites et ses performances au-delà de son cadre d'origine. Se dépasser humainement et artistiquement afin que l'art perdure dans le temps en ne cessant d'innover et de surprendre, tel est le défi que se lancent à peu près tous les artistes, et ceux de la musique électronique n'échappent pas à la règle. Petit tour d'horizon sur les quatre performances qui ont retenu notre attention :
« Les 12 rêves du soleil » de Jean-Michel Jarre.
C'est pour célébrer l'entrée dans le 7ème millénaire le 31 décembre 1999 que Jean-Michel Jarre a organisé avec le soutien du président Hosni Moubarak un concert en Égypte en plein cœur… des pyramides, rien que ça ! Accueillant plus de 1000 artistes, une scène de 50m de long et 400 tonnes de matériel, ce sera avec deux concerts dont l'œuvre principale sera une partie de l'album « Métamorphose » de Jean-Michel Jarre que s’inaugurera cette expérience atypique. Le premier de 22h30 à 1h15 pour fêter la nouvelle année et le deuxième, plus court, de 5h40 à 6H30 pour le lever du soleil. Le concert se déroulera dans l'axe de la pyramide de Gizeh sous la supervision de Joachim Garraud avec plus de 10 tonnes de feux d'artifice et des images spectaculaires pour le décompte. N'oubliant pas de faire rencontrer ses différentes cultures, Jean-Michel Jarre a fait appel à un orchestre de musique du Caire et des instrumentalistes traditionnels égyptiens pour l'orchestration de tous les morceaux. Et s'il a choisi « les 12 rêves du soleil » comme intitulé, c'est en référence à la mythologie égyptienne et plus particulièrement au mythe selon lequel le dieu Râ avait crée le monde en formant 12 rêves qu'il avait concrétisés par chacun des éléments terrestres.
Jeff Mills et le Philharmonic Orchestra de Montpellier
Pour ceux d’entre vous qui seraient encore mauvaise langue envers la techno en lui reprochant son manque d'instrumentalité, alors cette performance vous concerne ! C'est le 2 Juillet 2005 sur le site du pont du Gard (France) avec plus de 10 000 personnes que Jeff Mills se produit en concert live, accompagné par l'orchestre national de Montpellier (composé de plus de 100 musiciens). Dans une incroyable osmose, ils nous offrent une lecture symphonique du répertoire électronique de ce ponte de la techno qu'est Jeff Mills. Ils traverseront plus de quinze ans de musique au travers les tracks envoûtantes que sont « The March » et « Imagine », basculant sur une techno mélodieuse aux sonorités Deep avec « Gamma Player »; mais aussi des tracks tirées de bandes originales qu'il a réalisées (« Entrance to Metropolis », « Keaton's Theme »), celles qui dérangent pour leur côté expérimental (« Medium C », « Man From Tommorow »), et bien sûr celles qui ont bâti sa légende (« The Bells », ainsi que « Amazon » et « Sonic Destroyer » remontant à ses années dans Underground Resistance). Alors pour ceux qui auraient encore des doutes, jetez un coup d'œil à la petite vidéo ci-dessous !
Max Cooper : 4Dsounds
Diplômé d'un doctorat en biologie informatique, Max Cooper est sans conteste un génie en terme d'architecture musicale. Il est une figure emblématique de la musique électronique et a une patte musicale que l'on reconnaîtrait même dans le pire des brouhahas. C'est avec son projet « 4Dsounds » qu'il termine de nous achever. « 4D sounds » est un show expérimental de sons qui joue sur la rencontre de la musique et de l'espace. Derrière cet étrange nom se cache quatre hollandais qui ont développé un sound system permettant de plonger dans la musique comme si elle s'était matérialisée.
« Vous pensez : si cet élément musical était placé dans la réalité, que serait-il ? Quel comportement adopterait-il » ?1
On va essayer de faire bref et concis pour vous, mais c'est pas gagné: « 4Dsounds » est une structure conçue avec 16 colonnes. Chacune d'entre elles a un certain nombre d'enceintes, protégées par un quadrillage et placées à différents niveaux. Les enceintes convexes (48 en tout) étant non-directionnelles, elles permettent au son d'aller dans n'importe quelle direction, et c'est Max Cooper derrière ses machines qui le contrôle et le fait évoluer dans cet environnement 3D « comme des nuages qui traversent la pièce »2. Les sons interagissent de manière différente d'un bout à l'autre de la pièce, ce qui permet une immersion dans un environnement sonore où chaque morceau de musique devient une entité physique que l'on peut explorer, où chaque morceau a sa propre forme. Pour pouvoir profiter pleinement de ce principe de l'enregistrement « binaural » chaque participant évoluera dans l'espace avec un casque. Et si on parle de 4D, c'est parce qu'ils veulent mettre en avant le fait que la dimension du temps est aussi quelque chose sous notre contrôle, et, entre autre, sous celle de Max cooper. Ce sont ces quatre hollandais qui ont fait appel à Max Cooper via Liines pour mettre en place ce sound show et c'est donc sur leur terre natale que se déroula le 1er show de Max Cooper en Octobre 2013. Pour ce faire, il utilisera trois anciens morceaux à lui (« Woven Ancestry », « Meadows » et « Gravity Well ») enregistrés en live spécialement pour l'occasion. Selon ses dires, cette nouvelle forme d'aborder les sonorités représente sans aucun doute un nouvel axiome de la musique.
Agoria : 360 Project.
Après vous avoir filé le vertige de manière imagée, on vous amène à 3842m d'altitude, là où Agoria, dont on n'entend plus beaucoup parler ces derniers temps, a réalisé sa performance : « 360 project ». Alors à tous ceux qui auraient le vertige, lecture déconseillée ! C'est à l'occasion du Black Weekend, festival de musique électronique qui s'est déroulé du 6 au 9 mars 2014 en partenariat avec la ville de Chamonix et la marque de ski blackrows, qu'Agoria a voulu déplacer des montagnes. « 360 project » est la dernière trouvaille de Sébastian Devaud aka Agoria qui consiste en une performance exécutée par 4 djs set, dans 4 endroits différents en une seule journée. Ces dernières se dérouleront pour la première sur l'aiguille du Midi (3842m), glissant ensuite aux Grands-Montets (station de ski) puis à l'hôtel Montenvers avant de terminer en douceur à la Lucarne (le bal de la patinoire).