Evidemment de nombreux articles, biographies et j’en passe ont déjà été écrits sur cet artiste qui n’est plus à présenter : Marcel Dettmann… Comme tout cliché, c’est bien parce qu’il parle volontiers à tout le monde qu’il est considéré comme tel ! Ce n’est pas à cet aspect que personnellement nous nous en tiendrons mais sur le fait qu’il connaît une longue, très longue renommée dans le milieu. Pourquoi ? Quand nous évoquons un phénomène, une passion, un mouvement, il est simplement impossible de passer à côté de ceux qui ont écrit leur histoire. Marcel Dettmann est né en 1977 à Pôssneck à l’est de Berlin. Il a connu la génération post-punk qui a constitué le milieu underground après la chute du mur. Peut-être prédisposé à baigner dans cette musique, il découvre la techno à 5 ans. Il y a été entraîné par des amis et notamment grâce à Sven Vâth. Il initia ses oreilles au cold wave avec Depêche Mode et The Cure avant de rencontrer des artistes de Détroit comme Jeff Mills. En 1994, il commence à mixer, et seulement 5 ans plus tard en 1999, devient résident du Ostgut club dés son ouverture; il le suivra quand ce dernier se transformera en Berghain. Ne se reposant jamais sur ses lauriers, Marcel Dettmann sort son premier EP en 2006, en collaboration avec son ami Ben block avec les tracks Dawning et Dead man matches the clock’ signé sur Ostgut ton. Toujours pendant la même année, il lance son label Marcel Dettmann Records (MDR) et y sort ses premiers maxis. Il signe plusieurs remixes pour des labels comme Rekids, Bpitch Control et Global Underground.
On entend souvent dire que se produire en tant que dj n’est pas sorcier… Avec tous ceux qui pensent qu’aligner des vinyls sans aucune cohérence fait de lui un roi des platines. C’est une conception négligente que de laisser véhiculer ce genre d’idées qui remet la techno en question. Quand on s’attaque à un maestro tel que Marcel Dettmann, on comprend tout de suite la profondeur du sujet. Dettmann est l’un de ces personnages qui donne une âme et fait honneur à ce qu’est ce style musical qui a grandi dans la même ville que lui. Ecouter un dj set de Marcel Dettmann, c’est un peu apprendre à écouter l’histoire qu’il nous raconte, comme quand l’on était petit. Tout comme un roman, sa performance est construite avec un début, une ligne conductrice, un instrument perturbateur, une nappe équilibrante et un état final. Rares sont ceux qui de nos jours réussissent à nous tenir en haleine pendant des 5 heures de set, sans jamais vous ennuyer. Sexy, groovy voilà comment l’on pourrait qualifier ses djs set martelés à coup de gros kicks indus tout en restant dans une ligne poétique.
Voir Marcel Dettmann sur scène, c’est assister à un spectacle d’orchestre nous donnant l’envie de battre la mesure avec lui au rythme de ses tracks très dansantes et mélodieuses. Il arriverait presque à nous faire croire que l’on n’écoute pas de la techno, tant il magnifie ce style et le dirige à sa guise. Un fil rouge qui nous assaille et nous transporte du début à la fin. On pourrait presque l’imaginer avec ses baguettes de maestro indiquant à chaque instrument et effet le moment d’intervenir dans son show. A contrario de nombreux producteurs qui excellent soit dans le domaine de la production soit dans celui du djing, cet érudit maîtrise avec brio l’un et l’autre, et le tout avec une grande modestie. Derrière cette carrure de Viking classe avec ses longs cheveux blonds et sa coupe de champagne, se dessine un personnage à l’allure sympathique et à la fibre musicale sensible qui n’a en tête que Berlin, le Berghain et surtout de faire vibrer les gens. Liza Tourman.