Si certains ont fait le choix de vivre en pleine osmose avec notre société de consommation et de « sur » représentation, ou tout du moins d’en jouer le jeu, d’autres ont préféré la suivre sur un mode plus discret. Comme tout parcours se situant un peu en marge, la route à parcourir est plus escarpée, mais comme nous le savons : « Tous les chemins mènent à Rome » et celui emprunté par Omar’s nous le démontre avec brio ! Alors on ne va rien vous cacher, Omar’s est un artiste qui nous tient à cœur pour son talent ainsi que par sa capacité à nous toucher au plus profond de notre être avec certaines de ses prods comme « Just ask the lonely » ou encore le si doux et mélancolique « Lift him up » en featuring avec Don Q. On était tout excité à l’idée d’écrire un article pour louer le génie de ce manipulateur des corps et nous sommes retombés un peu de notre nuage en lisant le peu d’infos et d’interviews écrits à son égard. Pourquoi ? Eh bien, nous avons été tout simplement surpris en nous retrouvant face à un personnage un tantinet caustique. Alex « Omar »Smith est un dj/producteur originaire de Détroit et est le boss du fameux label FXHE. Il a grandi auprès d’une famille mordue de musique dont un grand frère, une grande sœur et un cousin qui étant nés dans les années 80’ lui ont donné le goût de la funk notamment avec Farley aka Jackmaster Funk ou Silk Hurley. Comme tout bon natif de Détroit, il a grandi avec des radios locales comme WBMX (Black Music eXperience) ou encore GCI, toutes deux axées sur une musique noire hip-hop, RnB et funk. Jusqu’ici vous, nous direz, rien de trop inquiétant dans la bio de ce garçon, mais c’est maintenant que les choses se corsent : dans l’unique interview que nous avons dénichée sur HYPERLINK "http://infinitestatemachine.com/"infinitestatemachine.com, nous avons été interloqués par ses réponses arrogantes ponctuées de « Shit » tous les deux mots ainsi que par son désintérêt évident pour le travail musical fourni par les artistes d’aujourd’hui. On s’est naturellement questionné pour comprendre comment un artiste d’un si grand talent pouvait montrer une facette aussi acerbe. Nous est alors apparu le portrait d’un talentueux dj, sensible artistiquement mais d’un caractère revêche et élitiste en matière musicale. Il est focalisé sur une certaine image de ce que doit être une production et qui pour y arriver « give a shit » à tout ce qui n’entre pas dans ses critères de prédilection. Et c’est là que nous avons compris d’où lui venait la profondeur de son travail. Après avoir écumé l’ensemble de sa biographie plutôt conséquente, nous en sommes arrivé à deux conclusions : La première est qu’une partie de son travail n’est pas à la hauteur de son mauvais caractère, certaines de ses tracks comme « 3c 273 », « Flying Blind » ou encore « Always there » sont plates, redondantes et ne feraient pas remuer un centième de vos fesses. La deuxième est que quand on tombe sur une perle comme « Set it out », « Three blind rats », « It’s money in the D » ou « Not phazed » avec Kai Alce, on en reste bouche bée. Très clairement, une partie du travail d’Omar’s est un chef d’œuvre, doté d’une grande sensibilité et d’une justesse extrême. En poussant un peu plus loin nos recherches, on en a conclu qu’Omar’s était un producteur de l’instinct : 1 jet, 1 track et tant pis s’il ne confine pas au génie car ce qui compte c’est ce qui sort du cœur à l’instant présent. Exit tout travail superflu comme repasser derrière pour peaufiner ses productions. Les élans créatifs ne sont pas toujours à leur apogée alors à quoi sert-il de nier les moments plus vides ? Comme nous le savons si bien, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. En un sens tel pourrait se résumer le travail d’Omar’s : il suit le flow de la vie en l’embrassant avec ses aléas et ses moments d’extase. Omar’s ne travaille qu’avec ses amis, pour son plaisir à lui, refuse la plupart du temps tout contact avec les médias et ne met en place aucune stratégie pour se faire connaître et diffuser. Ainsi, bien que respecté par ceux qui le connaissent, il reste majoritairement inconnu du plus grand nombre. La musique n’est pas une marchandise, elle est un travail de l’esprit, du cœur et le récit de sa vie. La musique d’Omar’s parle de mélancolie, de légèreté, de haine, de joie, de fragilité ; elle nous les raconte aux rythmes de flows rebondissants oscillant de la deep à la techno en passant par la funk et le disco. Elle nous touche, nous transporte et nous enivre jusqu’à nous amener à nous oublier nous-mêmes lors de ses dj sets célestes où il ne joue narcissiquement que ses seules productions. On se souvient alors que dans un numéro de Trax magazine, Carl Craig disait très justement «Je voulais que mon son soit reconnaissable dès le début du morceau ». En effet, quoi de plus excitant sinon le fait que les personnes puissent te reconnaître sitôt les premières seconde de ton track ? Eh bien, il en est de même pour Omar’s qui en ayant fait le choix d’être un puriste au regard de son travail musical, nous marque avec sa patte reconnaissable entre mille. Alors finalement, même si tous les chemins mènent à Rome, tous ne conduisent pas au plus pur des aboutissements ni à la connaissance de soi-même et des autres. Dès lors, si au final, il ne jouait le rôle d’un mauvais personnage que pour que l’on se détache de lui afin de ne se concentrer que sur l’essentiel : sa musique ? Liza Tourman.