On ne sait jamais vraiment comment naît une idée. Ce qui nous a titillé, interloqué. Ce qui l’a provoqué. C’est pour ça que j’ai toujours aimé ces ampoules qui apparaissent subitement au dessus de la tête d’un personnage de dessin animé quand une idée lui vient. Je trouve ça plutôt bien imagé. La mienne, elle m’est tombée dessus pendant je patientais sur un télésiège entrain de rêvasser sur ces kilomètres de nature. Fascinée par ces montagnes qui ne font que s’embellir dans leur vieillesse. Absorbées dans cet aspirateur qu’est le temps ; qui les marque de l’histoire et de ses aléas. Ces grandes dames qui ont atteint de telles grandeurs qu’elles restent drapées de leur blanche couverture. Comme un signe de combat contre la marque du temps, elles clament haut et fort qu’elles préservent leur insouciance, la paix et leur pureté. C’est là que j’ai compris pourquoi les anciens avaient décidé que la maison des dieux se trouvait en haut des montagnes. Qui aurait pu mieux la garder ? Dieu… Toujours sur mon télésiège, il y a cette fameuse réplique de film qui m’est revenue en tête : « Pour qui tu le portes ton sac de brique ? ». Pour ceux qui nous observent de la haut ? Et nous, entourés de ces montagnes qui créons notre vie en leur sein. Dans cet immense terrain de jeu qui nous offre des parcours capables de répondre à tous les goûts. Toi tu choisis ta piste, son niveau de danger, la dose de piment que tu as envie de lui apporter. Alors qu’est ce que tu as envie de miser ? Allez en piste c’est l’heure de glisser ! Entouré de ces dames blanches, tu passes ta journée à suivre les routes que la dameuse t’a gentiment tracé. Une fois ton parcours bien maîtrisé, pour te faire des petites frayeurs, susciter un peu d’adrénaline ; tu décides de t’émanciper, seulement un peu, juste ce qu’il faut pour te sentir t’évader. Tu quittes ta route pour partir sur un hors-piste. Au début tu es un peu flippé alors tu tombes. Mais, tu te rends comptes qu’au fond ça ne tue pas et que même dans un futur déjà pas si loin ça te fera plutôt marrer. Tu comprends qu’au lieu de te blesser tu es en train d’avancer sur un chemin qui n’est pas encore tracé. Puis si tu te fais mal, c’est toi qui l’as choisi. Tu sais que tu en sortiras encore plus fort et plus blindé. D’un coup de ski tu enterres tes angoisses et tes frayeurs. C’est là que cette satané question : « Pour qui tu le portes ce sac de brique ? » arrête d’être un fardeau. C’est là que tu te rends compte que tu le portes pour toi. Et que ces dames blanches et leur splendeur n’ont d’autre raison d’être que celle de ne cesser de t’émerveiller, te faire persévérer et continuer à avancer hors des sentiers. Rien de moins qu’une ode à la vie. Rien de plus. Liza Tourman