L.I.E.S Lancé en 2010 par Ron Morelli avec à ses côtés Jeff Bouchard et Pete Leonard pour le design ; Long Island Electrical Records (L.I.E.S) ne cesse de nous étonner et nous retourner l'estomac avec ses nombreuses sorties oscillant de la house à une techno rude et expérimentale, passant par la ghetto house et autres sonorités déconstruites et dissonantes. En effet Morelli a l'esprit ouvert, et tant que les prods sont « dévastatrices », il approuve. Comme derrière chaque label, il y a un homme et derrière l'homme une histoire, nous vous proposons une petite rétrospective sur celle de ces derniers.
Ron Morelli est né à Long Island et a grandi à Merrick, un quartier de New York. Toujours resté en marge de tous les évènements et autres clubbing « mainstream » comme le Timeline et le tunnel, c'est avec l'arrivée du crew Bunker Records (néo-punk) et ses soirées Hague sounds dans les années 90 que Morelli découvrit un aspect de la musique un peu plus … underground. Tout comme Obélix, il est tombé dans la marmite et, on lui mène la vie dure ! NY est une ville très chère où selon Morelli : « Tout le monde est blasé [...], jouant sur le même sound systems cassé, aux mêmes endroits déprimants, ainsi les choses ici finissent éparpillées, négligées et sont ainsi considérées comme acquises »1. Il n'hésite pas à multiplier les petits jobs quotidien, en plus de son activité d'artiste, pour investir dans son label ; il a notamment bossé pour A1 records, sûrement le meilleur shop de House music de NY, qui a énormément influencé son travail de cœur, celui Dj/producer. C'est finalement sous les conseils de son ami Andrew et avec les tracks Roule Records-esque de Malvoeaux (Targets) que Morelli lance son label en 2010.
« « Crasseuse et détraquée... Pas de la musique de soirée d'étudiants » pourrait être la devise de L.I.E.S »
L.I.E.S est un label porté sur l'expérimentation sonore et c'est ce qui lui donne son authenticité. Entre House mélancolique et Techno atmosphérique et industrielle ; il nous ferait parfois jeter nos écouteurs par terre avec ses releases aux sonorités rugueuses, rudes et déconstruites, accompagnées de stressants Hi-hat à faire pâlir les plus fervents amateurs de techno eux-mêmes ! En même temps, après avoir traversé différents styles comme le hardcore, le métal ou encore le punk, what did you expect ? Mais le coup de génie de ce label est de se définir comme un oxymore alliant déconstruction et mélodie. Comme Morelli considère qu'il n'y a pas vraiment de frontières entre les diverses tendances constituant la musique électronique underground, il ne se refuse aucune sortie et même si le projet n'a pas de ligne directrice réellement construite. Il maintient une certaine cohérence pour la pérennité du label. Chaque son est fait pour être écouté dans un endroit bien précis (maison, clubs, voiture..), et pour ce faire il est accompagné d'une armée de lifetime musicians résidant presque tous à New-York (Steve More, Willie Burns...), mise à part Xosar, Legowelt ou Svengalighost. Ne se reconnaissant pas dans le fonctionnement d'un label traditionnel, L.I.E.S est selon les dires de Luke Wyats : « une manifestation physique d'une communauté. C'est comme ça que les connections se sont faites : Ce n'est pas quelque chose qu'on nous a imposé, c'est venu de manière naturelle, au feeling ». Ron Morelli nous l'a dit et redit, il est un enfant de l'underground et il est là pour déranger. Si ses sons industriels ne sont pas aux goûts de chacun, nous pouvons lui reconnaître son côté novateur ainsi que son envie de nous révolter avec ces sonorités discordantes, comme pour nous pousser dans nos retranchements et nous faire réfléchir sur le monde industriel dans lequel nous évoluons. Liza Tourman.