Pour cet article, nous sommes allés faire les antiquaires en farfouillant sur la toile et en demandant à quelques amis djs, bien décidés à dénicher des machines analogiques rares particulièrement recherchées dans le monde de l'électro. Si pour certaines, elles n'ont pas connu un franc succès au moment de leur création, il en va différemment aujourd'hui. Vous êtes-vous déjà demandés d'où sortaient toutes ces sonorités futuristes, acid dans certaines tracks ? Quelles étranges machines étaient cachées derrière tout ça ? Eh bien, voici une petite liste des bizarreries musicales qui ont retenu notre attention :
Le Korg Mono/Poly
Le Korg Mono/Poly est un synthétiseur de type analogique créé par la société japonaise Korg entre 1981 et 1984. Il est considéré comme un bon synthé à posséder car c'est un puissant monophonique et son usage polyphonique reste agréable. Pour ne pas vous perdre, monophonique désigne un son diffusé par un seul canal à l'inverse du polyphonique qui représente la combinaison de plusieurs parties musicales. La société japonaise a lancé cette machine à bas prix mais au vu de la concurrence, à l'époque (DX7 de Yamaha, DMK8 d'Orla ou encore le fameux Roland Jupiter 4), ça n'a pas été un franc succès. Pourtant, ce vilain petit canard est très recherché aujourd'hui par de nombreux producteurs de musique électronique. En plus de posséder des oscillateurs désynchronisables très adaptés à ce style musical, il aussi doté d'un très bon arpégiateur. Le Korg possède de belles sonorités bien chaudes, de jolies nappes en polyphonique et des basses puissantes. Des artistes tel que Tangerine Dream, The Chemical Brothers ou encore Hardfloor ont eu recours à cette petite merveille.
Le Juno 60
Toujours dans la famille des synthétiseurs analogiques polyphoniques, voici le Juno 60 à 6 voies crée par la société Roland en 1983. Il est reconnu pour posséder un arpégiateur incroyable pour les live. Comme son nom l'indique, un arpégiateur permet de reproduire des arpèges et peut être utilisé pour jouer des pistes d'un instrument. Il a un panel de sons chauds, parfaits pour la new-wave ou encore le synth pop. Ses sons sont directement modifiables sur le panneau de contrôle et sauvegardables car, à l'inverse de son petit frère le Roland-Juno 6, il est doté de patches de sauvergarde. Les sons peuvent ainsi être retouchés en temps réel, on vous laisse vous imaginer comment l'on peut s'amuser avec ce petit joujou. Un bémol : il est doté d'un DCB, l'ancêtre du MIDI faisant de lui une machine archaïque qui n’est plus commercialisée. Il se trouve d'occasion sur certains forums car visiblement, entre lui et son petit frère, c'est le Juno 60 qui a un son plus pêchu ! Pour info, des artistes comme Arnaud Rebotini, Metronomy, Eurythmics ou encore The Cure ont eu recours à lui. D'ailleurs on peut voir sur la photo Laurence Tollhusrt (The Cure) jouer du Juno 60 pendant un passage à la TV durant l'émission Oxford Road Show de novembre 1983.
La Roland TB303
La TB303 est sûrement la machine qui a joué l'un des plus grands rôles dans l'évolution de la musique électronique. TB303 signifie transistor bass 303. Elle a été conçue par la Sté Roland entre 1982 et 1983. C'est son filtre passe bas qui lui donne cette sonorité si particulière. Tout d'abord conçue pour servir de basse d'accompagnement aux guitaristes qui s'entraînaient seuls, elle s'est retrouvée sur le carreaux à cause de ses sonorités non adéquates ; c'est seulement dans les années 1980 que les djs de Chicago et Détroit lui trouvèrent un usage, notamment pour la house musique. Même si on impute au groupe Phuture avec son Acid Trax (1987) ( HYPERLINK "https://www.youtube.com/watch?v=JCUPc9zVfyo"https://www.youtube.com/watch?v=JCUPc9zVfyo) d'être le premier groupe house à se servir de la TB303, c'est d'abord Sleezy D et son I've lost control (https://www.youtube.com/watch?v=lJnqRCwPeSw) (1985) composé par Marshall Jefferson qui sera le premier artiste à l'utiliser. Pour ce qui est de la vraie, l'authentique première fois, c'est au pays aux milles odeurs, eh oui ! Big mamma India, que sera créé le premier disque à utiliser la TB303 en 1982. Elle apparaît dans Ten ragas to a disco beat de Charanjit Singh. (https://www.youtube.com/watch?v=NUqnPYwoiF4) Si pour certains, ceux qui n'ont pas de Rolex après 40 ans ont gâché leur vie, pour Fatboy Slim c'est plutôt ceux qui n’ont pas de TB303, comme le suggère sa track en hommage à cette dernière : Everybody needs a 303 ( HYPERLINK "https://www.youtube.com/watch?v=c7iSKMPSwcY"https://www.youtube.com/watch?v=c7iSKMPSwcY)
ARP Odyssey
Créé par la société américaine ARP entre 1972 et 1981 avec pour objectif de rivaliser le Minimoog, car trop cher et moins pratique, l'ARP Odyssey est un synthétiseur analogique composé de 37 touches. Sa spécificité est d'avoir été l'instrument originel capable de jouer deux notes simultanément. Ce procédé s'appelle « duophonique ». Trois versions ont été retravaillées entre 1972 et 1981. Il possédait déjà les plus fortes ventes ARP sur le marché à cette époque ce qui est toujours le cas à l'heure actuelle. Tangerine Dream, Jean Michel Jarre, Kratwerk, Earth and Fire ou Chick Corea ont eu recours à cette machine.
Roland TR808
Dans la catégorie « boîte à rythmes », nous demandons la TR808 (TR : Transistor Rythm). Supervisée par Makoto Murio et conçue par M. Nakamura et M. Matsuoka entre 1980 et 1983, elle est destinée à des fins professionnelles notamment pour le maquettage en studio. Il est l'un des premiers Drum sets programmable et est composé d'un clavier de 16 touches à diodes. En plus d'être concurrencée par la LinnDrum de Roger Linn, le fait qu'elle n'ait pas de contrôleur MIDI la rend obsolète au point qu’elle ne sera éditée qu'à seulement 12 000 exemplaires. C'est encore une fois des artistes house et techno qui vont lui donner un second souffle dans les années 1990, pour des raisons de facilité de programmation, sa robustesse, ses qualités propres et plus que tout pour ses sons très punchy. N'étant plus fabriquée, elle est échantillonnée, clonée et copiée jusqu’à devenir l'un des instruments phares des musiques électroniques. D'ailleurs avec nos avancées numériques, allez faire un tour sur ce site : HYPERLINK "http://www.808cube.com/"http://www.808cube.com/, on vous laisse le plaisir de découvrir. S'ensuit sa grande sœur, la TR909 en 1984, puis la TR707 en 1985, première boîte à rythmes Roland intégralement numérique. Africa bambataa est l'un des groupes à jouer avec. Le minimoog voyager. Le Minimoog Voyager fabriqué à partir de de 2002 par la société Moog est le descendant moderne du célèbre Minimoog (1970-1982). Authentique synthétiseur monophonique, il dispose d'une implémentation MIDI complète. Il a été designé par Bob Moog lui-même et est le premier synthétiseur portable que les djs possèdent pour exprimer leur créativité pendant des performances live ou encore pour créer leurs sons. Il est un magnifique instrument artisanal, monophonique de très grande qualité. Il est considéré comme THE instrument analogique de notre époque.
Akai MPC
Cette drôle de boîte exclusivement destinée aux producteurs s'utilise pour composer de la musique. MPC signifie Music Production Center. Elle est fabriquée par la firme Akaipro qui fait partie du groupe de société Akai depuis 1984. Ses caractéristiques principales sont : un séquenceur musical, un échantillonneur et intégrant des pads pouvant faire office de clavier. La toute première MPC recensée est la MPC60 qui date de 1988. Elle a été designée en collaboration avec Robert Linn, connu pour ses boîtes à rythmes. Le principe est assez simple : réunir un sampleur et un séquenceur dans une même machine ; ce qui permet de sampler, découper et de rejouer ce que l'on vient de découper. Imaginez-vous toutes les possibilités en terme de création. A la base, cette machine est vide. Il faut rentrer les sons que l'on souhaite utiliser comme une boucle, une nappe, un kick … Après cette petite manip, il faut découper chaque son et l'assigner aux pads. La MPC est basée sur des séquences, elles mêmes composées de tracks. A chaque track on assigne un programme qui est composé des sons que l'on a rentrés avant. On créait plusieurs séquences qui, mises bout à bout, constitueront une release. Simple comme bonjour non ?;), Plus sérieusement, cette petite merveille nécessite beaucoup de temps à passer dessus ainsi qu'une passion invétérée pour les manuels d'utilisation. Souvent utilisée comme une Drum, elle devient très populaire auprès des jeunes artistes pour sa simplicité d’usage et son efficacité. A l'heure d'aujourd'hui, on ne compte plus le nombre de déclinaisons qui existent ; pour n'en citer que quelques unes, on retrouve les MPC 3000, 2000, 2000XL, 4000 etc … Liza Tourman.