Partie I - Chapitre I - Page 5 En l’attendant assise sur banc, je laisse mes pensées défiler. C’est si délicat une pensée. Une subtilité fragile qui peut vous suivre pendant des années avant de révéler sa signification profonde. Logée dans un recoin de votre cerveau, elle s’enracine et se nourrit de nos expériences pour s’épanouir. L’inde m’a fait hériter d’une trainée de pensées qui se sont transformées en valeurs, en croyances ou alors en poussières qu’il faut nettoyer. Partie I - CHapitre II - Page 7 A quelques roupies près, le prix semble correct. Je lui réponds par un « tikke » accompagné d’un mouvement de tête. Je balance mon sac à l’arrière et m’installe confortablement. Pendant les deux heures de trajet, le sol accidenté me vaut quelques bosses mais je n’y prête pas attention car je suis absorbée par la beauté du paysage. Le vert pétant post mousson de cette jungle me rappelle ma petitesse au milieu de cette impressionnante nature. Je m’incline devant cette terre ocre qui caractérise les paysages indiens. La route est baignée par la lumière du soleil. Les couleurs surgissent de derrière les arbres mettant en scène une matinée banale pour tous, sauf pour moi : Les vaches circulent au milieu de la route, les hommes en scooter klaxonnent pour pouvoir dépasser les vingt kilomètres/ heure, les enfants sur le bord de la route attendent le bus en chahutant, cartables sur le dos, pour aller à l’école. Leurs peaux mates mettent en valeur leurs sourires immaculés et leurs regards perçants. Ils me dévisagent, étonnés, et me montrent du doigt en rigolant. Je les salue d’un geste de la main qu’ils me rendent. Mon être sourit et je m’imprègne de cette douce atmosphère jusqu’à Arambol. Mon cœur se serre en arrivant à l’orée de la main street. Je reconnais les commerces aux devantures et vêtements multicolores, ces bijoux clinquants en laiton et en argent, l’odeur des stands d’épices et leurs montagnes de condiments offrant un panaché de couleurs et surtout, ces incessants effluves d’encens. Comme revenant d’une longue amnésie je me rappelle de chaque recoin étoffé de fous souvenirs de trois semaines d’éternelles festivités. La joie se dessine sur mon visage, me ramenant à une évidence que je ne voulais pas voir : je suis de retour à la maison.