Le terme « techno minimale » est souvent utilisé comme un fourre-tout où ranger un peu tous les styles de musique électronique. Pourtant, la Minimale est un genre à part entière qui comme son nom l'indique se veut épuré de tout ce qui pourrait abîmer l'essence même de la musique. Petite récap’ pour les nuls de ce qui caractérise ce style : Dérivée de la techno traditionnelle, elle se démarque par son tempo plus lent (115 à 130 BPM), des variations rythmiques et séquentielles moins fréquentes et l'utilisation de basses qui s'étirent en contraste avec des percussions très brèves et aigües.
En terme de prémisses minimalistes, pour faire original, c'est à Détroit que ça se passe avec des artistes comme Jeff Mills, Daniel Bell ; mais c'est avant tout Robert hood avec son célèbre « minimal nation » sorti en 1994 qui est considéré comme le père fondateur de la Minimale. À la croisée des chemins entre l'héritage de Détroit et l'influence des sons de la langoureuse house de Chicago, c'est dans la volonté de revenir à l'essentiel que Robert Hood a donné naissance à ce genre. Ne pouvant attribuer la naissance d'un courant seulement à une personne, il paraît incontournable de citer le canadien Richie Hawtin et son label Plus 8 (1990) sur lequel il sortira sous le nom de plastikman des tracks plutôt darks, très pointues et extrêmement minimalistes. Et si vous avez encore des doutes, voici une petite perle qui vous remettra les idées en place ;) :
Comme toute Techno qui se respecte, la minimale ne tarde pas à traverser l'Océan pour toucher l'Allemagne où ce mouvement connait tout de suite un franc succès avant de contaminer une bonne partie de l'Europe, qui produira par la suite une minimale d'inspiration plus numérique. C'est sous l'impulsion du label allemand Basic Channel, avec le duo Maurizio formé par Moritz von Oswald et Mark Ernestus en 1992 et leurs productions dub techno que la minimale prend définitivement racine. Elle trouvera dans les clubs berlinois comme le Watergate, le berghain, le panorama bar et le weekend une terre d'accueil. Après être devenue la spécialité berlinoise au même titre que les currywurst, une nouvelle forme de Minimale voit le jour notamment grâce à Steve Bug qui est l'un des premiers à s'intéresser à ce style et à lui donner une chance de perdurer en sortant des productions par le biais de son label Raw Element (1995). Cette évolution tient notamment au côté un peu plus groovy, sexy mais toujours minimal qui lui vaudra d'être baptisé « microhouse ». Son style complexe et hypnotique a été travaillé et dompté par des artistes de grande notoriété comme Pier Bucci, Ricardo Villalobos et Luciano qui sont sans conteste les maîtres de ce style.
Minimal, minimal …. Pour certains seulement de vieux “boum boum” caractérisés par des kicks secs, froids et sans âme mais pour d'autres c'est toute une philosophie qui se cache derrière ce style. Eh oui, si on s'en réfère à l'appellation de ce genre « minimale », fort est de constater que ses producteurs sont à la recherche d'un son épuré, débarrassé de tout surplus inutile à l'inverse de notre société de consommation qui passe son temps à superposer les choses les unes sur les autres à un point tel qu'on ne peut même plus voir l'essentiel. Essentiel, voilà où nous voulions en venir, revenir à l'essentiel, aux fondamentaux, au vrai. Alors selon l'expression « l'habit ne fait pas le moine » chers lecteurs avant de juger trop rapidement une musique pouvant paraître simpliste, laissez-vous entraîner et orchestrer par votre envolée ! Petit plus : A l'heure d'aujourd'hui, les labels qui ont permis à ce genre de se développer et de se pérenniser sont entre autres le label M_nus (crée par Richie Hawtin), Kompakt, Cadenza(Luciano), Mischwald, Pelron, Trapez, et Traum Schallplatten (Dominik Eulberg, Alex Under, Oliver Hacke...), playhouse, Mobilee, Persona Records (Stewart Walker), Freude am Tanzen, Kahwild, Foundsound ou encore Musik Krause.