Au coin de mon œil, tu es venue te réfugier Toi, larme, Si vulnérable au présent Lovée entre les sillons de la tristesse et de la joie Tu refuses obstinément de te décrocher
Pourtant, cette rigole qui s’est esquissée Maquillant le long de ma joue T’invite à t’y glisser pour en suivre avec volupté son courant déchainé
Toi, larme, dépose ton eau à mes pieds, Infiltre ton breuvage dans cette terre mère Celle qui m’ancre Le regard dirigé vers un paysage passé Je te murmure de soigner Ce que les mots ne peuvent dire Le silence m’embrasse dans la douceur de son manteau sonore Me réfugiant ainsi dans les pulsations du Vivant A l’ouest de mon coeur, L’aube et son soleil me guettent avec patience Il reste peu de temps avant que tu ne t’assèches
Alors s’il-te-plait, dépose toi sur ce sol fertile Nourrit le de mes souvenirs Bourgeons de ma floraison et racines des fleurs de demain Et, si tu as honte d’exister, Alors remémore-toi Que sans toi Mes sourires seraient absents Le précieux, insignifiant
Assise sur le rocher Minéral de notre histoire Mémoire de mon ascendance Je plonge mes pieds dans l’eau Mémoire de mon corps qui résonne en miroir au mouvement de la vie
Larme, dépose toi dans ce lit Ne vois-tu pas la valeur que tu as ? Larme, rejoins cet océan infini Relie moi à ce qui est plus grand que moi Qui vit à travers moi Pour jouer le jeu de la vie Avec ses peines et ses joies dans son élégante impermanence
Toi, larme, si tu ne veux pas t’abandonner C’est moi qui vais m’incliner Genoux à fleur de cailloux Le coeur ouvert à cet amour plus grand que moi qui vit à travers moi Dissimulé, Dans le chant des oiseaux, Dans le grésillement enivrant des cymbales des cigales. Présente Dans la mélodie de la rainette amoureuse, et dans la douceur du vent qui se faufile entre les feuilles de l’arbre de vie Je m’offre à toi sans condition Amour de Vie et de mort Amour à ce Je qui est un Nous Amour à tout