A l’écoute discrète des pulsations de mon être, Je m’émerveille du puzzle des cellules qui m’entrelacent Bercée de leur va-et-vient éternel, Successivement emmêlées, séparées. Une partition dessinée de poussières d’étoiles, Souvenirs de mes lignées, Me reliant inlassablement à mes ancêtres, Et m’initiant aux abysses du grand mystère. Celui qui vit en moi, et à l’extérieur de moi. Devant lui, je m’incline pour honorer Ce temps qui n’existe plus, Ce temps qui n’existe pas. Dilué dans la membrane de ce cycle infini, Inlassable spirale De ce permanent recommencement.
Agrégat de l’intelligence du Vivant, Je me dissous au contact de son essence Et me dépose dans les nervures de ses mémoires Renaissant à chaque aube Et me compostant à chaque crépuscule Aux rythmes de cette énergie divine Dissimulée aux tréfonds de mes profondeurs Et de celles de tout ce qui m’entoure Qui me connecte Par delà mon être, Au plus grand auquel j’appartiens.
Ô toi qui sous tes haillons d’apparence Incarnée par la malice de Maya Habite le monde dans la subtilité de ses formes Assoiffée de transmutation alchimique Dans l’athanor du changement, Chaudron du mouvement, De la vie, de la transformation
Déchirant le voile de la dualité Dans la symbiose des polarités, Enfin unifiées Démasquant l’arrogance de la futilité Pour être toujours plus en lien.
Voyage au coeur du Vivant Pour ressentir et aimer, Toujours plus, infailliblement Sans concession Amoureuse de cette abondante nébuleuse de l’existence Gorgée d’immensité, Ondulant de sa sensuelle éternité Me remémorant que l’écho de chacune de ses vagues Appartient au même océan. Cédant ainsi à cette irrépressible désir de mourir à moi Afin de ne faire plus qu’un.
Là où les mots sont dénués de sens, Là où le moi n’est plus qu’un vide écrin Là où le nous se dissout dans le Soi Ce Soi qui hurle son droit d’exister Sans pensée, sans conscience Qui s’offre en offrande au sentir. Gardien de ce précieux instant présent, Veilleur de l’insoutenable plénitude, Mère de chaque cellule bourgeonnante Dans le silence du frémissement de la vie Où les mélodies de nos existences Sont ajustées à la même fréquence. Extatique, Divine, Insoutenable Audacieuse, Parfois rêveuse Spontanée, libre et sauvage Fille des quatre éléments Boussole infaillible de mon axe. Aiguille de mon corps, de mon coeur, de mon âme En moi et à l’extérieur de moi.
Impalpable comme le vent Qui exhale pour transporter, Démasque et délivre mes yeux de leur cécité
Indomptable comme le feu, Qui se ravive par les braises de nos aïeux. Danse mes mémoires, Réchauffe et prend soin de ce qui est précieux.
Volage comme l’eau Qui tisse les pas-sages et me chuchote mes héritages.
Ancrée comme la terre Qui enracine et aère, Nouant Ciel et Terre Vertèbre de mon alignement.
Fille des quatre directions Plongée dans chacune de ses incantations, Pour ne jamais en perturber la rotation, En moi et à l’extérieur de moi. Un appel à affiner mes repères, Ceux qui me lient, me relient. M’invitant à jongler entre matérialité, Désirs, Emotions Livré à moi-même, humaine, modelée de glaise Infusée des facéties du samsara.
Puis, soudainement, Envoûtée par la grâce, Celle qui me dépasse, Me dépossède. Pour rencontrer ce qui n’est pas Et qui en même temps est tout à la fois. Cet autre que moi, en moi, à l’extérieur de moi. Reflet de mon âme si différent et pourtant si proche Perturbée de tant d’altérité, D’équité, Désincarnée d’égo, Dépouiller de chair. Pour enfin caresser du bout des sens L’invisible, l’indicible dans lequel je m’expands
Une invitation à disparaître Prête à re-naitre, A l’instar du phénix Soufflant sur mes cendres Respirant les saveurs de l’univers Pour jouer à être En moi, à l’extérieur de moi Devant l’éternel, Dans les bras de la valse aux milles temps De ce voyage au coeur du Vivant.